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Tous les trois ans, SWA publie un rapport mondial pour analyser comment les partenaires travaillent vers une culture de redevabilité mutuelle pour assurer l'accès universel à l'eau, l'assainissement et l'hygiène pour tous, toujours et partout. Ce rapport inaugural, qui couvre les trois premières années du mécanisme de redevabilité mutuelle de SWA - le cycle multipartite de définition des priorités, de prise d'engagements, de suivi des progrès et de renouvellement de l'action collaborative - présente le mécanisme comme un outil vers la réalisation des objectifs stratégiques de SWA et, en fin de compte, vers la réalisation des droits humains à l'eau et à l'assainissement.

Le rapport mondial sur le mécanisme de redevabilité mutuelle souligne l'importance cruciale de la redevabilité pour la réalisation du programme des objectifs de développement durable. Il décrit également l'évolution du mécanisme et la manière dont il est conçu pour fonctionner - il est hautement adaptable et devrait être utilisé de manière à apporter une valeur ajoutée aux processus mondiaux et nationaux en cours.

Le rapport examine la manière dont les partenaires se sont engagés dans le mécanisme de redevabilité mutuelle de SWA jusqu'à présent, et comprend un aperçu d'une sélection d'expériences nationales, ainsi que l'étendue et la profondeur de son potentiel pour engager les parties prenantes du secteur. Il identifie également certains des défis qui ont entravé les efforts et définit les ambitions pour le mécanisme de redevabilité mutuelle au cours des trois prochaines années.

Le mécanisme de redevabilité mutuelle est un outil qui permet aux partenaires de comprendre les contributions de chacun et de se tenir mutuellement redevables des engagements qu'ils prennent.

SWA considère laredevabilité mutuelle comme un moyen discipliné de réaliser les droits humains à l'eau et à l'assainissement ensemble et plus rapidement : une opportunité pour que les plans se rencontrent et que l'action collaborative commence.

La redevabilité mutuelle en action en vue de réaliser les objectifs de développement durable repose sur des plateformes multipartites inclusives.

S'il est intégré comme un cadre commun qui offre à toutes les parties prenantes un siège à la table, le mécanisme de redevabilité mutuelle peut fonctionner comme un outil pour catalyser une culture de la redevabilité et de l'action collective pour atteindre les cibles des ODD liés à l'eau et à l'assainissement.

L'importance de la redevabilité mutuelle

La redevabilité est au cœur des efforts de SWA. C'est la volonté d'accepter la responsabilité de ses actes et d'en rendre compte aux autres. C'est une condition du progrès et un principe des droits humains. SWA se concentre sur un concept pratique de redevabilité. Elle encourage les gouvernements et toutes les parties prenantes à formuler une vision commune pour le secteur de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène d'un pays, à identifier les rôles et les responsabilités pour y parvenir, à s'engager à agir et à se demander des comptes. C'est cet accent mis sur une vision commune et la collaboration qui favorise la redevabilité mutuelle.

Expériences des pays partenaires

Le rapport comprend une sélection d'expériences de pays au cours des trois premières années de mise en œuvre du mécanisme de redevabilité mutuelle, entre 2018 et 2021. Il examine les "pays pionniers" qui ont accepté d'étudier comment utiliser le mécanisme et promouvoir une culture de redevabilité mutuelle dans le secteur de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène. Il explore ensuite une sélection d'histoires inspirantes provenant de neuf pays du monde entier : Bangladesh, République centrafricaine, Honduras, Kenya, République démocratique populaire lao, Malawi, Mali, Paraguay et État de Palestine.

Les défis à relever

Le rapport identifie certains des défis qui ont entravé les efforts. La faiblesse des plateformes multipartites, la pandémie de COVID-19 et les changements de gouvernement et d'institutions ont rendu difficile, parfois, la mise en place d'une dynamique de leadership politique. Le rapport rappelle que l'engagement des bonnes personnes, au bon moment, avec le bon message, est essentiel au succès de tout effort visant à renforcer la redevabilité mutuelle.

Ambitions pour les trois prochaines années

Afin de surmonter les difficultés et d'aider les partenaires à tirer parti de tout le potentiel du mécanisme, le partenariat SWA devrait utiliser les actions suggérées pour les trois prochaines années afin d'orienter son travail :

  • Action 1 : Renforcer les plateformes multipartites - la redevabilité mutuelle en action vers la réalisation des ODD repose sur des processus multipartites inclusifs.
  • Action 2 : Améliorer les engagement au niveau mondial - le potentiel peut être davantage réalisé lorsque les engagements pris au niveau national sont combinés et amplifiés par les engagements des organisations internationales, des donateurs, des organismes de financement et des agences multilatérales.
  • Action 3 : Créer des "moments de redevabilité" - en organisant des sessions consacrées à la discussion des engagements lors de futurs engagements de haut niveau.

LES FAITS

Le nombre d'engagements pris dans le cadre du mécanisme de redevabilité mutuelle n'a cessé d'augmenter au cours de ses trois premières années. En juillet 2021, 346 engagements avaient été déposés par plus de 140 partenaires de toutes les groupes catégoriel, de toutes les régions du monde, y compris par 50 gouvernements nationaux.

Globalement, 83 % des engagements pris à ce jour sont liés à l'amélioration de la coordination sectorielle, y compris l'élaboration de nouveaux plans et stratégies nationaux, le suivi et l'évaluation, et les objectifs liés au financement.

12 % des engagements ont été signalés comme ayant été pleinement réalisés : la République démocratique du Congo, le Mali, la Tanzanie, et les engagements mondiaux de FANSA, SIWI et UNC. Les autres 25 % des engagements sont sur le point d'être pleinement réalisés.

En octobre 2021, 88 engagements avaient fait l'objet d'un rapport. Le groupe de la société civile est en tête de cette étape du processus du mécanisme de redevabilité mutuelle, puisqu'il a soumis 43 rapports.

ÉTUDES DE CAS

Malawi

Le mécanisme de redevabilité mutuelle renforce l’action multipartite

Kenya

La redevabilité mutuelle, un outil pour la coordination

Bangladesh

Augmenter le niveau de priorité et les financements

République démocratique populaire lao

Engagements harmonisés de tous les groupes catégoriels

Paraguay

Utiliser le mécanisme de redevabilité mutuelle pour renforcer la participation stratégique

Honduras

Des plans nationaux plus inclusifs

État de Palestine

Les possibilités liées à la planification et à l’action multipartites à long terme

Mali

Renforcer la stabilité du secteur en améliorant le dialogue stratégique

République centrafricaine

Progrès dans le secteur sur fond d’instabilité

Malawi

Au Malawi, le processus du mécanisme de redevabilité mutuelle a aidé à renforcer l’implication des parties prenantes et à améliorer la responsabilité conjointe dans le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène et au-delà. Le Malawi a toujours cherché à identifier les possibilités d’amélioration de ses processus et le mécanisme de redevabilité mutuelle a contribué à trouver la réponse à cette ambition en permettant de modifier et d’améliorer les examens et les plateformes de coordination existants, pour qu’ils profitent davantage au secteur. 

Le mécanisme de redevabilité mutuelle a renforcé la collaboration au sein du secteur et en dehors, ce qui a eu des effets significatifs sur sa résilience et son niveau de préparation. 

Le Malawi a défini ses engagements du mécanisme de redevabilité mutuelle et les a sélectionnés dans le cadre d’un processus d’examen sectoriel conjoint (ESC). Bien qu’au Malawi, les ESC aient toujours été considérés comme importants, une étude réalisée par WaterAid en 20203 avait révélé qu’ils n’étaient malgré tout pas suffisamment orientés vers l’action et les responsabilités pour pouvoir être davantage qu’un simple exercice annuel de communication. L’introduction du processus de définition des engagements dans le cadre du mécanisme de redevabilité mutuelle a aidé à faire évoluer les ESC. À présent, les priorités et les engagements du secteur sont définis lors des ESC. Ainsi, les parties prenantes restent concentrées sur ces objectifs tout au long de l’année. En s’appuyant sur les ESC du pays, le processus du mécanisme de redevabilité mutuelle a montré qu’il pouvait être un moyen efficace de faciliter l’action collective en servant de mécanisme de coordination.  

Le processus du mécanisme de redevabilité mutuelle a également profité aux conversations menées au-delà du secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène. La collaboration et l’implication ont augmenté, ce qui a permis de réunir davantage d’acteurs pour définir un objectif commun plus clair. Par exemple, le Water Supply and Sanitation Collaborative Council a pu bénéficier d’un soutien spécifique pour coopérer avec des organisations de la société civile représentant d’autres groupes, des personnes atteintes de handicap et des prisonniers et pour permettre aux secteurs de la santé, de l’éducation et de la justice de participer pour la première fois aux dialogues du secteur de l’eau et de l’assainissement. Ces efforts s’inscrivaient dans les engagements du groupe catégoriel de la société civile à « mobiliser ses membres pour concevoir et mettre en œuvre un plan d’action destiné à répondre aux besoins des populations laissées de côté par les mesures d’élimination de la défécation à l’air libre » et à identifier des approches pour « faciliter l’augmentation de l’accès à l’assainissement de base des régions les plus pauvres et difficiles d’accès et des groupes marginalisés ».  

Ce renforcement de la collaboration dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, et au-delà, a eu des effets importants sur la résilience et le niveau de préparation et il a également contribué à la riposte du Malawi à la COVID-19, par exemple. Comme l’explique Kate Harawa, de Water for People, « lorsque la crise de la COVID-19 s’est déclenchée, la coopération et l’implication avaient déjà permis de nouer et de renforcer nos relations. » Ce processus permettra d’élever le niveau de préparation du Malawi aux futurs chocs que subira son secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, comme ceux que provoqueront les changements climatiques.   

Le mécanisme de redevabilité mutuelle a également eu des effets grâce à la mise en place de structures claires pour la redevabilité dans l’ensemble du secteur. Les partenaires peuvent plus facilement comprendre le succès ou non de leurs homologues dans la réalisation des engagements convenus, la communication sur leurs propres progrès et les éléments qu’il faudrait éventuellement modifier. La structure offerte par le mécanisme de redevabilité mutuelle a également une incidence positive sur la continuité. Ainsi, lorsque la mise à jour du Plan national pour l’eau et l’assainissement du Malawi a été repoussée, ce qui risquait de briser sa dynamique, la sanctuarisation de ce processus dans un engagement du mécanisme de redevabilité mutuelle a permis de garantir qu’il restait une priorité. 

Le mécanisme de redevabilité mutuelle a renforcé la coordination et la coopération et fait émerger un fort sens de la redevabilité dans le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène du Malawi. Comme l’a fait remarquer Mme Harawa, « il a permis de faire évoluer les conversations pour que nous ne nous contentions plus de nous interroger sur les problèmes et sur les solutions à mettre en œuvre, mais que nous posions des questions plus complexes et fondamentales comme “quelles sont nos priorités en tant que secteur, et que pouvons-nous tous faire pour qu’elles deviennent réalité ?”. »

Kenya

Le mécanisme de redevabilité mutuelle est conçu pour être flexible et adaptable, ce qui permet aux partenaires nationaux de promouvoir la redevabilité mutuelle de façon à apporter la plus grande contribution possible, indépendamment du contexte. À travers un processus coprésidé par le Ministère de la santé et le Ministère de l’eau et de l’assainissement, le Gouvernement du Kenya utilise le mécanisme comme un outil de coordination pour promouvoir l’action collaborative et la redevabilité mutuelle. Le Gouvernement a récemment établi des priorités nationales à l’issue d’une consultation multipartite, qui a permis de définir des « engagements du pays ». Une fois ces cinq engagements généraux définis, tous les groupes catégoriels ont été invités à se mobiliser en leur faveur et à proposer leurs propres arguments pour les soutenir. Tous ces engagements ont été simultanément présentés au partenariat en juillet 2021 et forment une liste de tâches claire et facile à suivre, composée de 57 engagements harmonisés qui aideront le Gouvernement et ses partenaires à travailler ensemble jusqu’à l’année cible, 2022. 

Selon les acteurs concernés, les enseignements à tirer de cette expérience sont qu’il faut réunir trois éléments pour garantir la réussite du processus : le leadership gouvernemental ; le soutien des responsables des groupes catégoriels qui sont prêts à faire avancer le processus de formulation et de suivi ultérieur des engagements ; et l’inclusivité. « Les processus de redevabilité doivent inclure un large éventail de parties prenantes pour garantir que les groupes marginalisés et exclus soient tout autant impliqués et puissent faire entendre leur voix », remarque Tobias Omufwoko de WASH Alliance Kenya.  

L’approche kenyane a permis au pays de devenir l’un des rares pays partenaires de SWA où tous les groupes catégoriels ont formulé des engagements. L’objectif du Gouvernement et des autres parties prenantes est à présent de transférer ce processus national au niveau des comtés, afin de reproduire le mécanisme de redevabilité mutuelle à l’échelle locale. 

Bangladesh

Au Bangladesh, le mécanisme de redevabilité mutuelle inspire les conversations stratégiques du secteur ainsi que des plaidoyers en faveur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène. Ces échanges ont facilité la collaboration et l’action face à l’urgence des besoins en matière de développement et d’aide humanitaire et lorsque des efforts coordonnés sont essentiels pour garantir que les services profitent à tous.  

Le processus de définition des engagements pour le mécanisme de redevabilité mutuelle implique d’identifier ensemble les priorités du secteur et de susciter un sens de la redevabilité pour les réaliser. Au Bangladesh, ce processus a fourni une base claire et commune pour les discussions sectorielles. Il a notamment donné aux organisations de la société civile une place dans les échanges avec les décideurs. Il a également apporté un cadre cohérent à ces conversations autour des priorités convenues, pour aller au-delà des questions générales sur l’augmentation des budgets et traiter des sujets plus stratégiques, comme les moyens d’améliorer les services fournis aux communautés difficiles d’accès et aux groupes exclus. Plus généralement, le mécanisme de redevabilité mutuelle a également permis de renforcer l’esprit de continuité dans le secteur.  

Le mécanisme de redevabilité mutuelle offre un cadre cohérent aux conversations sur les priorités convenues, qui leur permet de ne pas se limiter aux questions générales mais d’aborder des thèmes plus stratégiques et à long terme. 

Hasin Jahan, de WaterAid Bangladesh, suggère que l’une des principales valeurs ajoutées du mécanisme de redevabilité mutuelle est liée à la « perception croissance du caractère nécessaire des concepts et des processus liés à la redevabilité ». En outre, Zobair Hasan, du « Réseau des réseaux », estime que le mécanisme a « aidé à opérationnaliser et démystifier la redevabilité », qui est ainsi passée du statut de concept abstrait, parfois considéré avec suspicion à celui d’outil pour les plaidoyers permettant d’améliorer leurs résultats. Le mécanisme, explique-t-il, a apporté « un axe de travail et un support pour la redevabilité ». Le Gouvernement, par exemple, réserve à présent un moment et un espace pour aborder les responsabilités partagées et les ambitions, car il est conscient de l’intérêt de maintenir l’attention de toutes les parties prenantes sur des objectifs convenus à l’échelle de tout le secteur.  

Au Bangladesh, le processus du mécanisme de redevabilité mutuelle a braqué les projecteurs sur les objectifs et les résultats collectifs. La meilleure coordination a profité à l’environnement incitatif, de sorte qu’il est possible de visualiser les progrès sous l’angle des ambitions collectives et non pas comme une somme de projets individuels. Une fois que les gouvernements prennent conscience du potentiel offert par une large coalition d’acteurs qui aident à atteindre l’eau et l’assainissement pour tous, le secteur peut susciter davantage d’intérêt politique.  

Le mécanisme de redevabilité mutuelle a finalement joué un rôle significatif pour augmenter la pertinence du secteur au Bangladesh. Le Gouvernement a largement dépassé son engagement « d’augmenter le budget annuel du gouvernement de 250 millions de dollars US pour le secteur de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène, en réduisant l'écart budgétaire de 50 % pour chaque année fiscale » : il a ainsi fait gagner 75 %, au budget, en le faisant passer d’approximativement 795 millions de dollars US en 2018-2019 à 1,4 milliard de dollars US en 2021-2022. 

République démocratique populaire lao

En République démocratique populaire lao, les Réunions des ministres des finances de SWA organisées en 2020 ont donné un coup d’accélérateur aux discussions et donné l’occasion de renforcer le dialogue multipartite sur les priorités du secteur. Dans le cadre de ces échanges, le Gouvernement de République démocratique populaire lao, par l'intermédiaire du ministère de la santé et du ministère des travaux publics et des transports, a rédigé et soumis des engagements pour le mécanisme de redevabilité mutuelle. Ceux-ci se concentraient sur l’élimination de la défécation à l’air libre dans l’ensemble du pays ainsi que sur la mise en place d’un comité multipartite pour le secteur et d’un fonds national consacré au secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène. Les parties prenantes ont pu identifier les domaines dans lesquels ils pourraient aider le gouvernement de la RDP lao à respecter les engagements pris, dans le cadre du mécanisme. Il convient de noter que ces engagements s’appuyaient sur les propres domaines d’expertise et priorités organisationnelles des acteurs et qu’ils étaient conçus pour alimenter et soutenir les engagements gouvernementaux de base, qui constituent les priorités stratégiques convenues pour le secteur.  

Paraguay

Au Paraguay, le mécanisme de redevabilité mutuelle a permis de renforcer la coopération entre les parties prenantes et il a favorisé une meilleure compréhension des besoins du secteur de l’eau et de l’assainissement. Pour le Gouvernement, le mécanisme constitue un moyen de définir ses principales priorités pour le secteur et de fournir une base aux conversations avec d’autres acteurs du secteur. Le mécanisme de redevabilité mutuelle a également renforcé les structures au sein desquelles travailler, lancé une dynamique et augmenté la visibilité des ambitions du Paraguay : parvenir à augmenter de façon significative les niveaux de couverture de l’eau et de l’assainissement. Le Gouvernement et les principaux partenaires de la société civile considèrent que le mécanisme de redevabilité mutuelle donne l’occasion d’échanger et de réfléchir au niveau de l’ensemble du secteur et non plus seulement au niveau des organisations ou des institutions

Le Gouvernement et les principaux partenaires de la société civile dans le secteur considèrent que le mécanisme de redevabilité mutuelle donne l’occasion d’échanger et de réfléchir au niveau de l’ensemble du secteur et non plus seulement au niveau des organisations ou des institutions.

Depuis qu’il a commencé à coopérer avec des partenaires au travers du mécanisme de redevabilité mutuelle, en 2018, le Gouvernement a pu toucher un éventail plus large et de plus en plus diversifié de parties prenantes. En 2019, un examen initial des engagements pris dans le cadre du mécanisme de redevabilité mutuelle a permis de réunir davantage d’acteurs et d’informations et d’étendre les conversations pour inclure les points de vue et l’expertise des universités, du secteur privé et de la société civile. Bien que la COVID-19 ait perturbé ce processus, on observe une solide volonté de susciter la collaboration la plus large possible pour satisfaire les engagements. Le mécanisme de redevabilité mutuelle est donc de plus en plus considéré comme une plateforme qui permettra de définir la vision du Paraguay pour le secteur, et d’en débattre afin de la réaliser. Il a même aidé les parties prenantes à ne pas perdre de vue les priorités sectorielles pendant la pandémie. 

Le processus du mécanisme de redevabilité mutuelle a contribué à créer une vision et une voix communes pour le secteur. Il a permis de renforcer la coopération entre le gouvernement et la société civile car, grâce à lui, la Direction gouvernementale de l’eau et de l’assainissement (DAPSAN), le Centre de recherches environnementales et sociales (CEAMSO), une organisation de la société civile, et d’autres parties prenantes ont pu nouer les vastes alliances nécessaires pour concrétiser la vision pour le secteur. Pour Claudia Zapattini, du CEAMSO, le mécanisme de redevabilité mutuelle a donné aux organisations de la société civile « un siège à la table » des discussions importantes du secteur. Le mécanisme a également aidé la DAPSAN à travailler avec le Ministère des finances pour ancrer une idée clé : le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène ne constitue pas seulement une dépense, mais il est au contraire un investissement critique, qui aura des retombées socio-économiques positives à l’avenir. 

La révision des Plans nationaux consacrés à l’eau de boisson et à l’assainissement est un exemple d’amélioration tangible que les dialogues multipartites ont pu apporter au secteur. « Grâce à la clarté offerte par le mécanisme de redevabilité mutuelle, il a été plus facile d’inclure et de consulter d’autres acteurs dans le cadre du processus », explique M. Ruiz, de la DAPSAN. Ces consultations ont renforcé la capacité du secteur à élaborer des stratégies nationales multidimensionnelles. Le plan national actualisé permettra ainsi de s’attaquer à des questions urgentes et interconnectées, comme les changements climatiques et l’inégalité entre les sexes, afin de fournir des services à des groupes vulnérables et à des communautés difficiles d’accès. 

Au bout du compte, les engagements pris par le Paraguay dans le cadre du mécanisme de redevabilité mutuelle sont considérés comme un moyen évident de décrire les priorités pour atteindre l’ODD 6. Ces objectifs communs ont donné au secteur une orientation claire, une structure évidente et une visibilité politique renforcée. Avec la clarification des priorités et de la stratégie, la DAPSAN, le CEAMSO, l’UNICEF et d’autres acteurs ont pu construire ce que Claudia Zapattini, du CEAMSO, décrit comme une « synergie de travail » autour de laquelle s’unir. L’expérience paraguayenne montre comment le mécanisme de redevabilité mutuelle peut fournir une structure, améliorer la visibilité et, surtout, offrir un objectif partagé, une cohérence et un sens des responsabilités clair au secteur. 

Honduras

Au Honduras, le mécanisme de redevabilité mutuelle a joué un rôle clé pour que le secteur travaille ensemble à l’amélioration de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène. Ainsi, l’un des principaux objectifs du Gouvernement est d’actualiser son Plan national pour l’eau de boisson et l’assainissement (Plan Nacional de Agua y Saneamiento, ou PLANASA), afin d’augmenter ses chances de réaliser les ambitions des ODD. Le mécanisme de redevabilité mutuelle lui a donné l’occasion de renforcer les efforts conjoints consacrés à ce plan et d’y intégrer les points de vue d’un large éventail de parties prenantes. Les organisations de la société civile ont, par exemple, partagé leur expérience et leur expertise dans des domaines comme l’accès aux zones rurales et autres communautés vulnérables. De cette façon, le Gouvernement a pu profiter de données précieuses. Le mécanisme de redevabilité mutuelle a contribué à l’approfondissement du Plan national, mais aussi à la meilleure compréhension par les parties prenantes des priorités du secteur et de ce qu’elles peuvent apporter pour les réaliser. 

État de Palestine

L’un des points forts du mécanisme de redevabilité mutuelle réside dans la possibilité de l’adapter à tous les contextes, même les plus complexes. Si le mécanisme ne figure pas encore parmi les composantes bien établies du secteur dans l’État de Palestine, ses principes de base peuvent aider les parties prenantes à déterminer les progrès éventuels du secteur au-delà d’une intervention purement humanitaire. Ces principes, en particulier ceux qui portent sur la création de priorités claires pour le secteur et la définition des responsabilités des différentes parties prenantes, sont fondamentaux. 

Comme dans de nombreux autres pays partenaires de SWA, la coordination du secteur palestinien de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène est assurée par le Groupe thématique (« Cluster ») consacré à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Dirigé par l’UNICEF, le cluster eau, assainissement et hygiène se concentre sur les besoins humanitaires urgents des Palestiniens, ce qui le distingue du mécanisme de redevabilité mutuelle, qui met davantage l’accent sur le développement à plus long terme sous la direction du gouvernement. Néanmoins, le modèle du cluster eau, assainissement et hygiène partage certaines caractéristiques du mécanisme, comme la capacité à réunir un large éventail de parties prenantes pour identifier ensemble des défis, des plans et priorités. Le mécanisme de redevabilité mutuelle peut s’appuyer sur ces caractéristiques communes étant donné qu’il est conçu pour aider à mettre l’accent sur des objectifs de développement à long terme, ce qui peut contribuer à garantir la continuité des services au-delà des périodes d’intervention urgente. 

Le mécanisme de redevabilité mutuelle peut aider à formellement mettre l’accent sur des objectifs de développement à long terme pour le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, afin de garantir la continuité des services au-delà des périodes d’intervention d’urgence. 

Dans l’État de Palestine, les engagements gouvernementaux formulés dans le cadre du mécanisme de redevabilité mutuelle sont considérés comme un moyen potentiel d’encadrer un dialogue à plus long terme sur le développement du secteur. Sous la direction du Gouvernement via l’Autorité palestinienne de l’eau, ces conversations pourraient s’appuyer sur les travaux existants et commencer à intégrer, par exemple, d’autres parties prenantes, comme des organisations non gouvernementales locales, ce qui pourrait aider le secteur à continuer à regarder au-delà de l’urgence humanitaire et, au bout du compte, à travailler à la réalisation de l’ODD 6. De ce point de vue, le mécanisme peut être perçu comme un outil efficace de promotion du lien entre les approches du développement et de l’aide humanitaire dans des contextes instables, sur fond de crise politique et de conflit de longue durée. L’Autorité palestinienne de l’eau estime également qu’un mécanisme efficace axé sur la redevabilité peut contribuer à satisfaire certains principes clés en matière d’efficacité et de coordination de l’aide. Il s’agit notamment de la responsabilité du pays sur les programmes ; de la correspondance entre les financements des donateurs et les priorités du pays ; de l’harmonisation des activités des donateurs afin d’éviter la duplication et la fragmentation des efforts ; de la transparence et de la redevabilité ; et de l’apport de fonds prévisibles et à long terme.  

Indépendamment du contexte, les acteurs peuvent utiliser le mécanisme de redevabilité mutuelle pour donner un cap clair au secteur et pour aider à clarifier leur rôle afin de réaliser cette vision de façon plus efficace et en réduisant les chevauchements. Le mécanisme est un outil flexible ; dans les situations d’intervention humanitaire, il peut aider à veiller à l’équilibre entre les efforts pour répondre aux besoins vitaux immédiats des personnes et les réflexions à plus long terme pour trouver comment améliorer le système et renforcer sa résilience à ces chocs et ces crises. 

Mali

Le Mali est un pays partenaire de SWA très impliqué. En tant que « pays pionnier », il a pu aider SWA à « tester » le mécanisme de redevabilité mutuelle. Ce processus s’est déroulé alors que le pays connaissait un contexte politique difficile et une décennie marquée par de nombreux bouleversements. Malgré cela, le secteur a progressivement renforcé ses fondations et une grande partie de ce travail s’est appuyée sur le cadre de SWA et sur le processus du mécanisme de redevabilité mutuelle. Les acteurs du secteur ont ainsi pu créer des espaces et des structures stables pour le dialogue, même en pleine période d’incertitude. 

Le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène malien applique un processus relativement solide pour ses examens sectoriels conjoints (ESC), même si ceux-ci sont principalement perçus et utilisés comme un forum destiné à communiquer les résultats. Les progrès y sont effectivement examinés, mais, comme dans bien des pays, les discussions menées lors des ESC sont souvent cantonnées à un haut niveau stratégique et peu de décisions sont prises sur des actions spécifiques. Au Mali, le secteur a réagi en créant un cadre de concertation eau, assainissement et hygiène annuel, qui parvient à combler cette lacune. L’activité du cadre repose depuis plusieurs années sur les principes de SWA et, depuis 2019, le mécanisme de redevabilité mutuelle en constitue l’axe central. La réunion annuelle se concentre sur une vision partagée pour le secteur et sur les façons pour les acteurs d’apporter leur contribution à sa réalisation. Des représentants de l’ensemble du secteur participent au cadre de concertation, y compris des acteurs de tous les groupes catégoriels de SWA, et il bénéficie d’un important soutien ministériel. 

Les engagements formulés dans le cadre du mécanisme de redevabilité mutuelle occupent une place centrale dans la connaissance du secteur au Mali. De nombreux acteurs dans tout le secteur ont clairement adopté la culture de la redevabilité que le partenariat SWA et le mécanisme contribuent à entretenir.  

Le Mali a également fondé un « Comité de SWA ». Composé d’acteurs clés du secteur, il garantit un travail constant sur les engagements du mécanisme de redevabilité mutuelle. Il a également favorisé et soutenu d’autres dialogues stratégiques, notamment sur le financement du secteur et la crise climatique. Le comité a pu user de son influence pour stabiliser le secteur et l’aider à absorber les chocs et les incertitudes liés à la situation politique difficile dans le pays. Le secteur a ainsi pu rester concentré sur ses engagements. De nombreux acteurs dans tout le secteur ont volontiers adopté la culture de la redevabilité que ces espaces contribuent à entretenir. 

L’engagement des différents groupes catégoriels du pays est l’un des plus marqués au sein du partenariat SWA : le Mali dispose de coordonnateurs nationaux pour tous les groupes catégoriels et chacun de ces groupes a pris ses propres engagements pour soutenir ceux que le Gouvernement a formulés à une échelle supérieure. Tous ces engagements ont permis d’identifier des priorités stratégiques et ont fourni aux acteurs un moyen de coopérer pour y répondre. Grâce au mécanisme, le secteur a pris conscience de l’urgence et a su concentrer ses efforts, par exemple sur la mise à jour des plans et stratégies à l’échelle nationale.  

République centrafricaine

En République centrafricaine, le mécanisme de redevabilité mutuelle a aidé les parties prenantes à élever le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène au rang de priorité et à l’y maintenir pour mobiliser des ressources. En 2019, le Gouvernement a formulé ses engagements du mécanisme de redevabilité mutuelle afin qu’ils correspondent aux objectifs nationaux qui figuraient dans le Plan de relèvement et de consolidation de la paix. Il s’est ainsi engagé à : donner accès aux services à 500 000 personnes supplémentaires ; créer une ligne budgétaire consacrée à l’assainissement et l’hygiène ; et réviser les plans nationaux pour le secteur afin qu’ils s’alignent mieux sur les ODD. Grâce à des priorités aussi claires, l’UNICEF a, par exemple, pu offrir plus facilement un soutien spécifique au Gouvernement pour l’aider à atteindre ses ambitions et suivre les progrès vis-à-vis des engagements pris.  

Des progrès significatifs ont été enregistrés pour ces engagements nationaux, ce qui est d’autant plus impressionnant compte tenu de l’instabilité liée à la situation politique. En octobre 2020, une nouvelle politique nationale de l’eau avait été rédigée et validée sur le plan technique ; 516 000 personnes supplémentaires avaient accès aux services (191 000 à l’eau de boisson et 325 000 à l’assainissement de base) ; et les caractéristiques des lignes budgétaires consacrées à l’assainissement et l’hygiène avaient été ébauchées.  

Rapport Mondial 2021 du Mécanisme de Redevabilité Mutuelle